Conseils pour les jeunes actrices ambitieuses et les spectateurs de festivals

Aujourd’hui, nous allons apprendre à faire la différence entre un « good deal » et un « bad deal ». Concentrez-vous bien, il y a des pièges.

Situation numéro 1 : Je suis une jeune actrice séduisante qui rencontre un producteur de cinéma avide d’argent et de sexe. L’homme devient pressant, deux choix s’offrent à moi :

· Faire voltiger le cigare du producteur en lui disant, avec panache : je négocie mon talent, pas mon cul !

· Accepter le deal contre la promesse d’un second rôle dans une comédie musicale sur une confrérie de moines qui a fait vœux de silence.

Situation numéro 2 : Je vais dîner à la table d’un pote qui a quitté un job dans l’administration territoriale pour ouvrir son propre restaurant. Après un excellent repas et deux bouteilles de vin, on m’apporte l’addition :

· Je tends ma carte bancaire tout en pianotant un commentaire dithyrambique sur TripAdvisor.

· Je suis scandalisé d’avoir à payer comme n’importe quel client, je l’efface de ma liste d’amis illico.

Situation numéro 3 : J’envisage d’aller au concert d’un groupe dont j’ai entendu beaucoup de bien, j’ai maté leur clip tourné à Rennes et je suis curieux de voir ce qu’ils donnent en live. La place est payante :

· Ben ouais… c’est un concert.

· Il se trouve que j’ai une amie, qui connaît un type qui est voisin de palier du bassiste, ça m’embête de payer.

On aimerait tous que la vie soit une suite de cadeaux désintéressés, que l’argent coule à flots dans la poche d’amis philanthropes qui investissent dans une fondation au profit de notre seul bien-être, que des musiciens improvisent partout où nous mettons les pieds des concerts surprise (et gratuits) pour nous distraire et, cerise sur le gâteau, qu’on jette en prison tous les connards qui nous manquent de respect. Bref, vivre dans la peau d’un dictateur. N’est pas dictateur qui veut, à moins d’avoir de la famille qui vous pistonne.

Les spectateurs ne vont pas aux concerts par obligation morale, comme les parents aux spectacles de fin d’année de leurs enfants. La musique a-t-elle de la valeur ? Si oui, est-il envisageable de rétribuer les artistes et techniciens qui vous offrent un spectacle que vous avez choisi ?

Raoul Kalin