Glissé sous une fausse identité dans la peau d’un « bénévole » d’I’m From Rennes, j’y étais. Dans l’arrière-salle du Oan’s pub, mercredi 30 août 2017, en début de soirée, au cours d’une réunion tenue secrète pour toute personne ayant décidé de boycotter facebook ou ne plus payer de forfait téléphone.
J’ai un projet. Celui de dévoiler les motivations cachées des bénévoles d’I’m From Rennes.
Me faisant appeler Brad, une barbe factice, 17 badges piqués sur mon blouson et, lové sur mon avant-bras, un somptueux tatouage de tigre du Bengale (le plus dangereux des félins), réalisé au bic cristal soft pointe 1,2 millimètre par un neveu expert en plagiat de Walt Disney. Surprise et déception… Ils n’étaient pas tous tatoués avec de grosses barbes, certains n’avaient pas de poils du tout et… l’assemblée comptait aussi des femmes. Ce qui me laissa le goût amer de m’être beaucoup trop investi dans mon personnage de hipster. D’autant que ma barbe factice m’a démangé toute la soirée. A l’heure où j’écris ces lignes, j’ai encore des rougeurs.
J’ai un projet. Celui de dévoiler les motivations cachées des bénévoles d’I’m From Rennes. Qu’est-ce qui anime le cœur des hommes (pas forcément barbus ni tatoués et qui sont parfois des femmes) venus participer sans aucune contrepartie financière à cette belle aventure ? Pourquoi mettre son énergie, sa bonne volonté, ses compétences, sa jeunesse, sa bonne humeur, et j’en passe sur la tripoté de bons sentiments, au profit d’un long et trépidant festival qui va nous faire kiffer le mois septembre ? Je n’ai pas trouvé la réponse. J’invoque l’esprit du tigre (le plus fourbe des félins) et je jure, je jure solennellement, incliné à l’est vers la tombe de Jim Morrison, de m’engager corps et âme pour résoudre cette énigme, dussé-je me faire appeler Brad pendant les 11 jours du festival.
Raoul Kalin